Les Rencontres de la CAPEB autour du Patrimoine

6 avril 2023
Face au défi de la rénovation du patrimoine, comment optimiser les relations entre les artisans et les institutionnels ? Telle était la question à laquelle les intervenants que nous avions conviés ont tenté de répondre le mercredi 29 mars dernier.

Dans la série des Rencontres thématiques que la CAPEB a décidé d’organiser cette année dans le but de mieux faire connaître le rôle et le potentiel des entreprises artisanales du bâtiment dans notre économie, et plus largement dans notre société, les première Rencontres sur la rénovation du Patrimoine se sont tenues le mercredi 29 mars.

La CAPEB a ainsi accueilli Fabienne Fendrich, Architecte Urbaniste en chef de l’État du Service de l’architecture au Ministère de la Culture, Martin Malvy, Président des Sites &t Cités remarquables de France, Lola Davidson, Directrice du programme Engagés pour la qualité du logement de demain au GIP EPAU, Philippe Perron, Architecte du Patrimoine, Gabriel Turquet de Beauregard, Architecte des Bâtiments de France et Chef du service départemental de l’architecture et du patrimoine du Maine-et-Loire. Eric Le Dévéhat, Président des Métiers de la Pierre et chef de file du dossier patrimoine pour la CAPEB ainsi que Sébastien Laveaux, couvreur et conseiller professionnel des Métiers de la Couverture représentaient les entreprises et la CAPEB dans cette table ronde.

Celle-ci a d’ailleurs commencé par une introduction du Président de la CAPEB Jean-Christophe Repon qui a rappelé la mobilisation de longue date de l’organisation professionnelle pour aider les TPE à mieux se positionner sur les marchés du patrimoine, que ce soit au travers la création du CIP Patrimoine comme de ses multiples actions pour faciliter l’accès direct des petites entreprises aux marchés publics.

Les intervenants ont ensuite évoqué ce qui, de leurs points de vue respectifs, peut favoriser une bonne rénovation du bâti ancien, permettre une meilleure prise en considération du bâti ancien et faciliter la coopération entre les acteurs et leurs interlocuteurs.

Fabienne Fendrich a souligné l’intérêt de faire en sorte que les acteurs disposent d’un socle de compétences commun afin de dialoguer plus facilement et d’être, au final, plus efficaces. Gabriel Turquet de Beauregard a, pour sa part, évoqué la nécessité de de bien comprendre le patrimoine, ses matériaux, ses mises en oeuvre, ses fonctions, etc pour mieux le réparer et combler ses défauts. Avec Éric Le Dévéhat, ils ont souligné l’attrait des jeunes de la génération Z pour le patrimoine, ancré dans une temporalité et une approche physique forte quand le numérique s’inscrit dans un espace temps totalement différent. Lola Davidson a fait observer que la qualité des restaurations est aussi liée à la disponibilité des artisans sur le terrain et à leur capacité à recruter des compétences supplémentaires. La Directrice générale des Sites et Cités Remarquables de France a, de son côté, évoqué les multiples aides existantes pour sauvegarder le patrimoine, notamment sur les façades et les huisseries. Le débat a également permis d’évoquer le recours aux circuits de proximité et aux matériaux locaux, parfaitement adaptés à la restauration du bâti ancien local, mais trop souvent difficiles d’accès. 90 % des carrières ouvertes en 1900 sont aujourd’hui fermées. Les participants ont également déploré les difficultés pour les entreprises de réemployer des matériaux suite à des démolitions alors que cela permettrait de trouver une solution aux approvisionnements, de respecter les spécificités du bâti local et de faire des économies tant sur le plan financier qu’environnemental

Sébastien Laveaux et Francis Mathieu en ont témoigné pour ce qui concerne les ardoises et les tuiles.

Les échanges sont allés également sur la question du DPE. Les participants ont regretté que, pour répondre aux exigences du DPE, des propriétaires engagent des travaux inutiles et gâchent ainsi de l’argent, souvent public, et des matériaux. Tous ont convenus qu’il était nécessaire d’adapter ce DPE au bâti ancien, l’ABF faisant observer que des solutions techniques naturelles existent et qu’il est préférable de les mettre en oeuvre.

La discussion a également abordé la délicate conjugaison des impératifs écologiques avec la protection du patrimoine, notamment pour ce qui concerne l’implantation d’éoliennes ou de panneaux photovoltaïques.

Enfin, tous les intervenants ont été unanimes sur la nécessité de revoir les pratiques actuelles qui ne permettent pas aux entreprises d’intervenir en amont – sauf pour fixer un prix comme l’a souligné David Morales – alors que leur consultation serait des plus utiles pour la réussite des projets. “La synergie est essentielle pour trouver les meilleures solutions au meilleur prix” a ajouté Christophe Bellanger.

“L’artisan est au coeur de la rénovation du patrimoine, sans artisan il n’y a pas de rénovation du patrimoine.” a conclu M. de Beauregard.

L’après-midi a été consacrée aux correspondants « Patrimoine » du Réseau. Dominique de Ponsay, délégué départemental de la Fondation du Patrimoine et Estelle Bréheret (pour la région Bretagne) étaient venus présenter les aides que la Fondation apporte à la valorisation du patrimoine.

Les chiffres clefs du patrimoine 2022 ont ensuite été présentés. Ils révèlent que le nombre d’entreprises intervenant sur les marchés du patrimoine sont moins nombreuses que lors de la dernière enquête, en 2018 (52 %/61 %) tout comme la part d’entre elles qui réalisent plus de 25 % de leur chiffre d’affaires sur ces marchés (32 %/40 %). A noter également que plus du tiers des chantiers réalisés avaient un montant situé entre 5 et 10 000 € et que 24 % étaient dans la tranche supérieure (10 à 20 000 €) et 18 % situés entre 20 et 50 000 €. Les chantiers supérieurs à 100 000 € ne représentent que 3 % des cas.

Enfin, la journée s’est terminée par des échanges et des retours d’expériences du Réseau sur les manifestations organisées sur le thème du patrimoine au niveau local.